Contes spirituels pour un monde nouveau

Le périple de Théa (format pdf)

Théa ouvrit les yeux dans le logis qu’elle habitait à l’orée de la forêt au moment où le ciel printanier strié de bandes roses et jaunes s’illuminait lentement. L’idée de l’aventure avait germé dans son esprit pendant son sommeil la forçant à se réveiller plus tôt que d’habitude. Elle glissa de son lit aussi silencieusement que le papillon effleurant une feuille de son aile et sentit le besoin de revoir le lac. C’était devenu un rituel qu’elle était incapable de s’expliquer.

Encore une fois, la journée ne serait à nulle autre pareille.

Elle descendit le chemin couvert de rosée sur la pointe des pieds pour ne pas déranger la myriade de créatures qui y avaient élu domicile et s’assit sur le bord de l’eau parsemé de fleurs. Elle ouvrit son cœur pour célébrer la gloire de la Création puis plongea son regard dans l’eau dorée du lac qui s’étendait devant elle. Tout à coup, elle vit une perle de la taille de son ongle parfaitement formée et étrangement à sa place dans cet endroit calme et sacré. Elle semblait attendre qu’on la remarque.

Théa glissa la main dans l’eau fraîche avec ravissement, prit la perle et la sentit se réchauffer immédiatement entre ses doigts. L’aventure avait commencé.

Soudain, une lumière bleue jaillit de la perle que Théa tenait dans la main pour la faire sécher au soleil qui montait lentement à l’horizon. Un puissant rayon de lumière s’éleva vers le ciel tandis qu’un second rayon, en tout point pareil, traversa la main de Théa pour entrer dans la terre. Le picotement qu’elle éprouva lui fit réaliser qu’elle était en présence d’un formidable pouvoir allant bien au-delà de la compréhension humaine.

Théa savait qu’elle pouvait voyager facilement grâce à cette lumière. Elle devait simplement fermer les yeux et ouvrir son esprit le plus possible, mais elle se demandait quel rayon choisir. Comme elle connaissait un peu les étoiles qu’elle voyait régulièrement dans le ciel nocturne, elle décida d’explorer le grand inconnu et choisit le rayon bleu qui s’enfonçait dans la terre.

Au bout d’un certain temps, elle sentit qu’elle se déplaçait très facilement. Elle traversa avec délice la croûte terrestre ruisselant de liquides chauds avant d’arriver dans une magnifique région couverte de fleurs et de plantes tropicales qui s’abreuvaient à la douce lumière d’un soleil resplendissant. Elle découvrit avec étonnement qu’un monde parfait vivait sous ses pieds.

Des gens de toutes les races, de toutes les couleurs et de toutes les tailles vinrent l’accueillir en lui souriant affectueusement. Comme la plupart de ceux qui avaient déjà visité ce sanctuaire intérieur (Théa n’était pas la première à s’y rendre), elle se sentit enveloppée d’un douillet manteau de grâce.

Elle resta longtemps dans ce refuge de perfection voulant en apprendre davantage tout en sachant que sa soif de connaissances ne serait jamais satisfaite. Elle se lia d’une amitié profonde avec un être très grand à la peau bleue qu’elle surnomma affectueusement « Rom-Fine », ce qui signifie « élevé » en langue ancienne. Rom-Fine s’était servi de la perle pour entrer en communication avec Théa et lui révéler le but de son existence. Il lui fit comprendre à l’aide d’images quelle était sa raison d’être sur terre le dernier jour qu’ils passèrent ensemble assis près des fleurs aux couleurs chatoyantes dont l’origine était inconnue.

Puis Théa se retrouva sur le bord du lac, les mains vides. Elle resta assise pendant un long moment réfléchissant profondément à ce que Rom-Fine lui avait dit : « N’oublie jamais, Théa, que les êtres sur terre ont une importante mission à remplir, soit de réaliser que la vraie vie est l’expression parfaite de la liberté. Ils ne peuvent faire l’expérience de cette liberté que s’ils reconnaissent que le grand nombre de mondes et de dimensions ici ne représentent qu’un seul pouvoir, une seule lumière, une seule pensée et une seule expression, et que l’amour en est le fondement. Comme l’oiseau sans nid, l’humain sans amour perd le sens de sa vie ».

Théa hocha involontairement la tête en réalisant ce que Rom-Fine avait dit. Elle laissa errer son regard autour du lac aux eaux dorées et calmes et se rendit compte que sa vie était beaucoup plus importante qu’elle ne l’avait imaginée. D’un pas sautillant elle retourna chez elle. Elle huma avec bonheur le parfum qui se dégageait des pins. Le souvenir de l’éclat bleu de la perle restait gravé dans ses mains et elle comprit qu’elle aimait et qu’elle était aimée. L’univers regorgeait de multiples formes de vies et d’expressions qui tenaient toutes dans la main parfaite du Créateur.

Regiena Heringa
www.nextagemission.com

Traduction par Michèle Lessard lessardmichele@videotron.ca

 

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